Texte élaboré par les élèves de lycée (2nd, 1ère et Term) avec l’aide de Mr. Honorat, référent du parcours citoyen, et lu par 2 élèves au cours de la cérémonie du 27 novembre 2020 au LFFM. La cérémonie se déroula en présence de Mr Olivier da Silva, COCAC, et de la Consule Mme Carole Blim, représentants de l’Ambassade de France; du Proviseur du LFFM, Mr Laurent Donnat et des membres de l’équipe de Direction et d’encadrement, enseignants, équipes administratives et techniques.
« Rendre hommage à Samuel Paty, c’est d’abord dire notre stupeur.
Les attentats terroristes font de nombreux morts partout dans le monde. La liste serait longue de toutes les victimes récentes de fanatismes de toutes sortes.
Notre stupeur est cette fois-ci plus intime. Elle est celle d’élèves face à l’assassinat d’un professeur, un enseignant comme nous en côtoyons quotidiennement dans le cadre de notre scolarité. Nos professeurs jouent un rôle important dans notre devenir de citoyens ainsi que dans la formation de nos consciences individuelles. Nous aussi, comme les élèves de Samuel Paty, nous avons souvent réfléchi et débattu sur les questions de la laïcité et de la liberté d’expression. S’attaquer à cet enseignement, c’est nous blesser, car nous sommes attachés à cette liberté de nous exprimer et d’échanger nos idées avec nos professeurs et nos camarades de classe.
Comment ne pas être horrifiés de voir se croiser la trajectoire d’un professeur et celle d’un jeune homme ayant grandi en France, qui s’est fourvoyé dans l’extrémisme, pour aboutir à un crime abject ? Notre stupeur est aussi celle de voir les réseaux sociaux que nous utilisons quotidiennement pour nos loisirs et pour nous informer, mais qui ont contribué cette fois-ci à propager une “rumeur malfaisante” comme l’a qualifiée Samuel Paty lui-même, et qui a abouti à sa mort.
Au lycée français de Brasilia se côtoient des élèves de pays différents: du Brésil, où nous résidons, de France, qui propose dans de nombreux pays du monde son modèle éducatif, mais aussi d’autres pays de tous les continents. Cette diversité fait notre richesse.
Nous sommes lucides: l’harmonie nécessaire pour vivre ensemble ne tombe pas sous le sens. Nos différences débouchent parfois sur des malentendus, et même sur des incompréhensions. Certaines manières de se comporter, certains propos peuvent heurter. Il y a des images qui peuvent choquer des élèves parmi nous, selon leur origine, leur religion ou leurs convictions personnelles. Pour vivre ensemble, nous sommes pourtant convaincus des vertus de la liberté d’expression. Elle est parfois menacée et nous devons y veiller. Elle est inséparable du principe de respect mutuel, que chacun des membres de la communauté scolaire doit savoir respecter.
Nous avons confiance dans ces piliers de la laïcité, cette laïcité pour laquelle Samuel Paty a œuvré tout au long de sa carrière d’enseignant. »